Je suis née dans la ville de Bâton rouge en Louisiane, deuxième grosse ville après la Nouvelle-Orléans. J’ai passé une majeure partie de ma vie dans cette ville avant de partir à la Nouvelle-Orléans pour mes études supérieures. Heureusement une partie de mes amis on fait la même chose, de ce fait je ne me suis pas retrouvée toute seule dans cette grande nouvelle ville. Ne vous méprenez pas, je ne suis pas restée enfermée en Louisiane toute ma vie, j’ai eu la chance de pouvoir voyager en compagnie de mes parents. Mon père
Alanon Fontaine est un architecte Français qui est tombé amoureux de la Louisiane lors de l’un de ses voyages et a décider de poser ses bagages ici avant de rencontrer ma mère. Cette dernière vient du Minnesota et tout comme mon père, elle est tombée amoureuse du pays avant de tomber pour lui. Et c’est comme ça que me voilà arrivée, le fruit de leur amour, j’ai hérité de la rousseur de ma mère et des yeux clairs de mon père. Nous avons vécu tous les trois à Bâton-rouge d’aussi loin que je peux me souvenir, mon père a créé son entreprise d’architecte qui au fils des années a eu un succès fou et ma mère à trouver un travail de couturière dans une grande entreprise. Durant les vacances nous allions souvent en France retrouver la famille de mon père, c’est comme ça que rapidement je me suis mise à parler français, je n’avais aucun mal à changer de langue et revenir à l’anglais.
J’ai vécu une enfance heureuse et sans gros tracas, très vite j’ai pris goût pour la danse, j’ai commencé par du classique et c’est ma mère qui me faisait mes tenues, j’étais si fière. J’ai continué la danse mais je ne suis pas restée seulement au classique, j’ai voulu tester de nouvelles choses. À côté de ça j’ai touché un peu à la musique et ai appris à jouer du violoncelle et du piano, je sais ce ne sont pas les instruments les plus faciles, mais j’aime me compliquer la vie et celle de mes parents évidemment. Après cette lubie musicale j’ai découvert le patin à roulette, et là je peux vous dire que j’ai fait des frayeurs à toute la famille. Ils ont cru que ça me passerait comme la musique, mais ils se sont complètement trompé, encore aujourd’hui j’enfile mes patins et rejoins mes amis au skate-park. J’ai eu d’autres lubies en tout genre, et mes parents ont toujours céder à mes demandes, sauf pour une. J’étais une vraie petite princesse mais comme mes copains et copines je voulais avoir des frères et sœurs, ça avait l’air plus amusant que d’être seule. Je ne sais pas pourquoi mais ma mère n’a jamais voulu et mon père ne cessait de me dire qu’il était totalement comblé avec ses deux princesses.
C’est en entrant au collège que j’ai commencé à me passionner pour tout ce qui été aquatique, j’aimais déjà les sirènes étant petite, mais en grandissant j’étais fascinée par le monde marin et tout ce qui pouvait vivre sous l’eau, je passais des heures à l’aquarium à tout observer m’émerveillant à chaque fois. Et un jour en classe j’ai découvert un nouvel animal marin, le narval, je l’ai trouvé si mignon et quand j’ai annoncé que c’était une baleine voulant devenir une licorne, nous nous sommes attrapé un fou rire qui nous a valu une heure de retenue avec mes copines. C’est comme ça que le jour de mon anniversaire, elles ont décidés de m’offrir un narval en peluche en souvenir de cette découverte. Bizarrement ma mère n’a pas été amusée par ce cadeau et à très rapidement voulu qu’il disparaisse. C’était la première fois ou nous nous sommes engueulées fortement, ne comprenant pas pourquoi ma mère avait autant en horreur cette peluche tout mignonne. Malgré cet affrontement et grâce à mon père j’ai pu garder ma peluche. Ma vie au lycée s’est déroulée sans encombre, j’avais mon groupe d’amis avec qui je trainais comme tous les jeunes de mon âge. J’ai fait le mur, j’ai fait la fête, j’ai bu, j’ai vécu ma vie d’adolescente à fond et je ne regrette rien.
Le plus gros changement que j’ai eu dans ma vie a été mon entrée à l’université. Ayant l’ambition de continuer ma vie active dans la danse et le théâtre, j’avais trouvé la meilleure école possible avec un cursus parfait pour moi, seulement cette école été située à la Nouvelle Orléans. J’étais à la fois tiraillée entre rester près de mes parents et choisir une autre école avec un cursus presque similaire, ou alors m’émanciper et poursuivre mes rêves. Il y a eu beaucoup de discussion autour de mes choix, de mon avenir, du fait d’être autonome, tout ça c’était vraiment angoissant mais je ne pouvais pas rêver mieux que l’université
Loyola. Mes parents qui au départ étaient totalement contre l’idée de voir leur petite fille partir dans la capitale, se sont un peu plus ouvert aux cours des nombreuses conversations, et le fait qu’une partie de mes amis faisaient le même choix les rassurés un peu. C’est comme ça qu’avec ses relations de boulot, mon père a réussi à me trouver un petit appartement proche de l’université. J'ai même eu le droit à un cadeau de départ, un Scooter, un vespa bleu turquoise qui me permettra de me déplacer partout. Je me suis très vite adaptée à la vie en ville, je travaille dur pour montrer que j’ai ma place dans le cursus d’art, et j’ai même réussie à trouver un petit boulot après les cours dans un cinéma. La cerise sur le gâteau, j’ai trouvé un amoureux, oui c’est un peu mielleux, ça l’est toujours au début. On avait une soirée Karaoké pour l’anniversaire d’un ami, et il y avait ce garçon sur lequel je crushai depuis un petit moment, Daniel il s’appelait. Alors ce soit là j’ai tout donné pour le séduire, évidemment j’ai fait ça subtilement pour pas trop en faire, et je lui ai porté le coup final quand ça été à mon tour de chanter. Je ne me considère pas comme une bonne chanteuse, disons que je chante juste par plaisir et non pas pour faire du bien aux oreilles des autres, je ne m’applique jamais vraiment quand je chante, mais il semblerait que mon timbre de voix
(en plus du choix de chanson et du regard appuyé tout au long de la musique) l’ai touché.
Depuis ce jour
-il y a de ça trois ans maintenant- nous sommes en couple. Comme toute relation au début c’est tout beau tout rose, on est un peu stupide et on ne fait pas attention, mais depuis un an quelque chose me gêne. Je ne sais pas ce qui m’a ouvert les yeux, si c’est le fait que toutes mes copines ont énormément de drame de cœur, ou qu’elles s’embrouillent tout le temps avec leur mec. Je suis sortie de ma bulle d’amour et me suis rendue compte qu’en trois ans de vie de couple, nous ne nous sommes jamais embrouillés avec Dan, pas une seule fois il ne s’est énervé sur moi, jamais je ne l’agace et pourtant je n’ai pas un caractère facile. J’ai l’impression que notre relation manque de passion, j’ai envie de m’embrouiller avec et de me rabibocher sous la couette. J’ai déjà tenter de lancer une embrouille juste pour voir, mais il ne s’est pas énervé, il était juste d’accord avec moi. Ça m’a beaucoup perturbé, j’en ai parlé avec mes copines qui qualifient notre couple de
« Bisounours ». Elles n’ont pas eu de réponses pour moi et quand je tente d’en parler avec ma mère elle me dit que c’est surement l’homme de ma vie et que je ne devrais pas me poser trop de question, mais juste me protéger pour pas tomber enceinte, puis elle passe à un autre sujet. J’ai décidé de mettre un peu plus de distance dans mon couple avec Dan, ne sachant pas vraiment quoi faire car je suis un peu perdue sur mes sentiments. Je pensais que cette histoire avec Dan était le seul gros bémol dans ma vie, mais c’est sans compter sur une découverte lors d’un weekend à Bâton-rouge. J’étais venue passer le weekend chez mes parents, revenir un peu au source et leur parler de tout ce que j’apprends de merveilleux dans mes cours, leur montrant quelques passages de chorégraphie ou de théâtre que je faisais. Ils avaient l’air si heureux pour moi, je me sentais réellement bien et étrangement je n’avais aucune pensée pour Dan
(alors que lui ne cessait de m’envoyer des messages pour me dire que je lui manquais).
Au cours du weekend mes parents ont dû s’absenter pour aider des amis, j’ai pu alors un peu étudier et répéter mes cours. Je ne me suis pas rendue compte que je m’étais assoupie et c’est un frisson parcourant mon échine qui ma sortie de mes rêves. En fouillant mon sac je me suis rendue compte que j’avais oublié de prendre un pull, tête en l’air que je suis. Comme à mon habitude je décide d’en emprunter un dans le placard de ma mère, elle a l’habitude et ça ne la dérange pas. Mon pull préféré était au fond d’un tiroir, en le sortant je fais tomber un papier par terre, je fronce les sourcils et en le ramassant je me rends compte qu’il s’agit d’une photo. Je trouve ça étrange que ma mère cache une photo ici alors qu’on a des dizaines d’albums, et c’est encore plus bizarre quand je remarque la date écrit au dos « Janvier 1883 ». Serait-ce une photo de la famille de maman ? Toute curieuse je la retourne afin de vérifier, mais ce que je vois me coupe la respiration et me laisse en état de choc. C’est une vieille photo plutôt bien conservée, et dessus on peut voir une mère et sa petite fille, mais ce n’est pas n’importe qui, la mère ressemble comme deux gouttes d’eau à la mienne et la petite fille me ressemble étrangement à quelques détails près. Comment est-ce possible ? Qui est sur cette photo ? Sortie de ma torpeur, je décide de chercher un indice ou quelque chose pouvant m’aiguiller et me donner des réponses. J’aperçois alors un prénom près de la date, presque effacé, mais je réussi à le déchiffrer « Margaret ». Dès que j’ai le nom en tête je vais fouiller tous les tiroirs, sans rien trouver, alors je pars au grenier, endroit maudit dont j’avais peur petite, je ne suis toujours pas rassurée, mais si je veux des réponses il va falloir que je me montre courageuse. L’endroit n’est pas très accueillant et je comprends pourquoi petite j’avais peur, mais je ne me laisse pas envahir par l’angoisse et avance à travers la poussière et les cartons. Alors que je pensais ne rien trouver, je découvre un petit carton tout au fond, étrangement ce dernier ne semble pas avoir autant de poussière que ça, et lorsque je l’ouvre, je sais que j’ai trouvé ce que je voulais. Je sors un vieux livre qui semble avoir une centaine d’année, et dedans des photos jaunies, vieilles, mais conservés comme si elles avaient une valeur sentimentale. Je ne fais pas attention aux photos, je recherche la date 1883, voir même un an avant et quand je tombe sur la page que je veux, je n’arrive pas à y croire. Il y a des photos de cette femme, le sosie de ma mère, avec cette petite fille nommée Margaret. Il y a pleins de photos de cette petite fille, elle me ressemble beaucoup, beaucoup trop… comme la mère… j’ai l’impression de voir la mienne… mais c’est tout bonnement impossible de ressembler autant à des ancêtres ?! Je décide de revenir en arrière dans le livre et découvre une ribambelle de portrait de femmes, toutes les mêmes, toutes sosies parfait de ma mère, mais à des époques plus que révolues… Je ferme le livre et décide de fouiller dans le carton, je ne trouve pas grand-chose sauf une poupée. Quand je la sors du carton je ne peux empêcher une grimace de se former sur mon visage, c’est une poupée en porcelaine, pareil que dans les films d’horreur. Je me retiens de la jeter au fond du carton et examine les détails de cette dernière.
- Poupée:
Je rouvre l’album et cherche une photo de Margaret avec cette poupée, je veux m’assurer qu’elle lui appartenait. C’est lors de l’anniversaire de ses cinq ans que je découvre la petite fille avec son jouet. Je ne peux empêcher un frisson de me parcourir le corps, j’ai l’impression d’être dans le début d’un film d’horreur et je ne suis pas vraiment fan de ça, à la télévision ça passe, mais en réel, non merci. Pourquoi ma mère a-t-elle gardé ça ? C’est si vieux et elle n’a surement jamais connu ces personnes… Sauf si… je me frappe la tête, non ma mère ne serait pas une sorcière, je l’aurais surement vu, et même si nous vivons dans un endroit où beaucoup parlent de vaudou je ne pense pas que ma mère soit cette femme sur les photos, ça voudrait dire qu’elle a… je me stop net quand je tombe sur une nouvelle photo… Margaret est un peu plus vieille, elle doit avoir une quinzaine d’année et côté d’elle sa mère, le sosie de la mienne. Mais ce qui me choque le plus c’est la tenue qu’elle porte, cette robe je la connais… J’embarque l’album et la poupée avec moi repousse tout et dévale l’escalier pour rejoindre la chambre ou ma mère fait sa couture. Je poste délicatement la poupée sur un des canapés et emmène le livre près de l’étagère ou se trouve pendu la fameuse robe. Je n’arrive pas à en croire mes yeux c’est exactement la même, et pourtant ma mère m’a raconté plus jeune que c’est une robe qu’elle avait elle-même crée et imaginé, comment alors une de ses ancêtres pouvait la porter ? Je commence à avoir un peu mal à la tête, je n’arrive pas à comprendre, rien de tout ça ne me semble normal ou réel… Je regarde autour de moi, cherchant à comprendre, sur un des cadres en liège se trouve une photo de ma mère, prise par mon père ou elle porte cette fameuse robe. Je vais vite la décrocher et la pose à côté de l’ancienne photo.
« -Non non non… c’est impossible… la génétique ne peux pas faire aussi bien les choses… » je dis presque dans un murmure, totalement désemparer devant la similitude parfaite des deux photos. J’entends la voiture se garer, les portes claquer et la voix de mes parents résonner. Je prends une grande inspiration, attrape le vieil album et les deux photos (celle du tiroir et la récente de ma mère) dans un bras, puis la poupée de porcelaine dans l’autre et je descends à la rencontre de mes parents.
« -Tasha nous sommes rentés ! » mon père à du voir mes cahiers ouverts dans le salon et a migré dans la cuisine, surement pour grignoter un bout et se faire un café. Je continue mon avancée vers eux, l’envie de hurler me prend, mais je me contiens, je veux me montrer mature et je veux comprendre tout ça. Je rentre dans la cuisine et observe la scène, ma mère à la tête dans le placard en train de chercher du chocolat, tandis que mon père est à la machine à café et m’accueille avec un sourire et un levé de sourcil perplexe. Sans un mot je dépose la poupée assise à mes côtés ainsi que l’album photo fermé et les deux photos posées dessus.
« -Tu as fait un vide grenier pour nous ramener ces vieilleries ? » me demande mon père en rigolant devant l’étalage que j’ai fait. Je lui fait un sourire puis me tourne vers ma mère qui se détourne enfin du placard avec le chocolat.
« -Désolée d’avoir été aussi long mais tu connais les Millers ils so-… » ma mère se fige dans ses explications quand son regard se pose sur moi et les objets qui m’entourent. Je peux voir les aller-retour que ses yeux effectuent, ça ne me rassure pas de voir sa réaction, quel est ce secret que ma mère cache ? Avant que je ne puisse prononcer le moindre mot, ma mère se tourne vers mon père qui revient avec les cafés.
« -Alanon chéri tu veux bien nous laisser s’il te plait ? » sa demande me fait lever les yeux au ciel et j’attends la suite. Mon père semble avoir compris le regard et la demande de ma mère, il lui dépose un bisou sur les lèvres récupère son chocolat et s’avance vers moi
« -Ne lève pas les yeux au ciel quand ta maman parle ! » me dit-il avec un faux air strict avant de déposer un bisou sur mon front et de partir dans son bureau. Une fois l’homme de la maison loin, je lève la tête et pose mes yeux sur ma mère. Elle est en pleine contemplation des objets, comme si c’était de vieux souvenirs qu’elle avait oubliés.
« -Ou as-tu trouvé ça ? » me demande-t-elle la voix chargée d’émotion.
« -Dans l’ordre j’ai trouvé cette photo dans ton tiroir en prenant un pull, ce qui m’a conduit au grenier ou j’ai trouvé l’album et la poupée, puis la dernière photo vient de ton bureau de couture… » je lui dis essayant de ne pas me montrer trop agressive. Je ne veux pas me laisser emporter mais j’ai un mauvais pressentiment sur toute cette histoire.
« -Je vois… j’aurais dû me douter que ce n’était pas le meilleur endroit pour la mettre » dit-elle en prenant la photo de Margaret et sa mère. Je lève les sourcils ne comprennent pas très bien ou elle veut en venir.
« -Qui est-ce ? Et pourquoi cette femme te ressemble étrangement ? Genre c’est ta jumelle mais d’il y a une centaines d’années ou plus... et pourquoi tu caches ce genre de photos ? Je ne comprends pas.. Et puis cette fille.. Margaret… elle me ressemble beaucoup aussi.. mais le pire c’est sa mère.. et toute les femmes de votre lignées.. vous êtes les sosies les unes des autres… que ça arrive une ou deux fois je veux bien, mais là ce sont toutes les femmes de cette famille.. on dirait que ça a été copier collé… Et essaye pas de me trouver un mensonge pour camoufler tout ça… Le plus étrange là-dedans c’est que je suis presque sûr que c’est toi sur ces photos… mais c’est genre physiquement impossible ou alors tu t’es avaler toute la fontaine de jouvence depuis des centaines d’années pour pas vieillir… Sinon tu es une sorcière, mais je ne pense pas que ce soit possible… tu es trop romantique et tout pour t’amuser à concocter des potions en tout genre et puis tu aurais un métier plus adapté… Genre pharmacienne ou vendeuse de produits bio miraculeux. » je ne me suis pas rendue compte que j’avais déblatérer ça à une vitesse folle, comme je n’avais pas entendu ma mère essayer de m’interrompre. De ce fait je ne peux m’empêcher de sursauter quand elle cri mon nom.
« -TASHA ! stop c’est bon j’ai compris, tu as pleins de questions et ta créativité t’a amené à des conclusions un peu hâtivement… » elle semble faire une pause et cherche comment elle va tourner sa prochaine phrase.
« -Tu veux savoir la vérité ? Très bien allons d’abord nous asseoir confortablement au salon veux-tu ? » me dit-elle avec sa voix mielleuse qu’elle utilisait sur moi quand j’étais petite et que je faisais un caprice.
« -Je suis très bien ici, et oui je veux savoir la vérité parce que tout ça là c’est super chelou et tu me connais si je veux savoir la vérité je vais remuer ciel et terre pour arriver à mes fins ! » je suis déterminée et ma mère le sait, quand j’ai quelque chose en tête c’est quasi impossible de me faire faire marche arrière. Elle soupire mais s’installe tout de même auprès de moi, elle jette un œil sur tout ce que j’ai amené, elle semble prendre son temps et ça m’agace. Lorsqu’elle commence à parler, tout s’arrête et j’ai l’impression de me noyer dans ses explications, à chaque fois que je pense remonter à la surface pour respirer une autre vague s’affale sur moi et me fait replonger. Et pourtant elle m’annonce que c’est un petit résumé, qu’il y a tellement plus de choses que je dois savoir mais qu’il faut y aller par étape. J’ai envie de lui rire au nez tellement je suis sur le cul de ce qu’elle m’a annoncé.
« -Tu ne penses pas que tu aurais pu commencer à me parler de tout ça, genre à ma majorité ? Nan parce que là en l’espace de quelques secondes j’apprends que j’ai une grande sœur et en plus que je ne suis pas réellement totalement humaine… Tu les as un peu grillées tes étapes là ! » j’essaye tant bien que mal de ne pas m’énerver mais c’est vraiment très difficile, ça fait 22 ans que ma mère me cache l’existence de ma sœur, enfin demi sœur, et ça fais tout aussi longtemps qu’elle me cache que finalement je suis une putain de créature magique ! A quel moment je suis censée prendre ça calmement et avec le sourire ?
« -J’ai voulu te protéger et bien faire m... » je la coupe d’un geste de la main suivit d’un petit rire nerveux.
« -Arrête ! Si je n’étais pas tombé sur tout ça, combien de temps encore tu aurais gardé le secret ? Tu en cache d’autres gros secret comme ça ? Et papa il est au courant ? » j’ai envie de lui poser pleins de questions de m’assurer qu’elle me dise la vérité mais je ne suis pas sûr de pouvoir la croire, ça fait beaucoup trop d’un seul coup et il faut que je digère tout ça…
« -Je ne cache rien Tasha, j’ai voulu éviter que tu ne tombes là-dedans trop tôt, et non ton père n’est pas au courant, j’ai préféré ne rien lui dire, je n’ai pas envie de répéter les erreurs du passé… » Je vois qu’elle se sent un peu coupable, mais je n’arrive pas encore à lui pardonner.
« -Et ma sœur Margaret, elle est où ? Elle est devenue quoi ? Elle sait pour moi ? »« -Et bien… On s’est séparé en mauvais termes… Et elle a changé plusieurs fois d’identités depuis… mais je sais qu’elle est à la Nouvelle-Orléans, sous le nom d’Amalia Gray. » ça lui coute de me donner ces informations, mais je suis ravie d’apprendre que ma sœur n’est pas loin et que je pourrais la retrouver.
« -Il s’est passé quoi pour qu’elle parte et ne te parle plus ? Depuis toutes ces années… Et son père, ton ancien mari il est devenu quoi ? » je la vois se crisper, secouer la tête et se lever de la table de la cuisine.
« -Je n’ai pas envie de parler de ça maintenant Tasha, on en parlera une autre fois quand tu auras réellement pris conscience de ce que je viens de te dire ! » je suis tellement sur le cul que je ne lui répond pas de suite, laissant le temps à mon cerveau de se rendre compte qu’elle ne plaisante pas du tout.
« -Sérieusement ? Tu comptes vraiment me laisser sans réponse ? » Elle se tourne vers moi les sourcils froncés.
« -Tu sais quoi laisse tomber, tu ne veux rien dire et bien garde tes secrets, je vais aller la voir Margaret ou Amalia et je vais directement lui demander ça sera plus simple ! » j’attrape la poupée et les deux photos volantes, puis m’en fait ranger mes affaires dans mon sac. J’entends ma mère qui me parle, je crois qu’elle m’interdit de partir, mais je ne l’écoute pas, trop concentrée à ne rien oublier. J’entends mon père qui arrive, il a dû entendre nos voix s’élever, je m’en veux de partir comme ça et de ne rien lui expliquer, je lance juste un au revoir en sa direction, ignorant ma mère qui se débat dans les bras de mon père. Il essaye de la calmer, sans vraiment savoir ce qu’il se passe, nos embrouilles ne sont jamais très longues avec ma mère, mais elles sont intenses. Il me jette un regard inquiet, sachant tout bonnement que me retenir serait la pire chose à faire, alors il me laisse partir et je sais que dans la soirée il va m’appeler pour s’assurer que tout va bien. Le retour s’est fait plus rapidement que prévu, surement parce que j’ai repassé dans ma tête tout ce qui a été dit avec ma mère, je ne voulais rien oublier. Arrivée chez moi, dans le calme de mon appartement je me suis posée sur le canapé, la réalité m’a frappé en pleine face et j’ai enfin compris l’ampleur de ces révélations. J’ai paniquée ne sachant pas quoi faire et j’ai appelé la seule personne qui ne poserait pas de questions et m’aiderait à tout oublier pour la nuit. Le lendemain l’angoisse été loin mais la gueule de bois bien présente, ça ne m’a pas empêché de rechercher cette fameuse Amalia Gray et de trouver l’endroit où elle travail, un cabaret appelé le Lost Paradise. Évidemment le lendemain avec mon copain de cuite, nous avons décidé de nous rendre au cabaret afin de « tâter le terrain » mais apparemment il avait un autre plan car il a annoncé que je voulais voir la directrice. J’ai voulu le tuer et puis quand elle est arrivée devant nous je me suis dit que c’était peut-être une très bonne idée. Tout s’est passé super vite, elle m’a fait passer un entretien m’a posé pleins de questions et ensuite m’a fait danser. Je ne me suis pas laissée démonter et j’ai tout donné durant la danse, je suis habituée avec l’école on m’a appris à changer de style avec la musique.
J’ai fait bonne impression car elle m’a donné rendez-vous pour répéter le numéro, et ça fait maintenant trois mois que je bosse à mi-temps au Lost Paradise. Et je n’ai toujours pas eu le courage d’annoncer à Amalia que je suis sa petite sœur, mais ça ne saurait tarder, il faut juste que je trouve le bon moment… Je n'ai pas non plus repris contact avec ma mère, je donne des nouvelles à mon père de temps en temps mais c'est tout...